par Patrice Viau
Membre du conseil d’administration du Comité Chômage de de Montréal
L’incisif, février 2012
Davos, 26 janvier 2012. Les leaders du monde se rencontrent lors du Forum économique mondial. Après une allocution de Stephen Harper sur la résilience, Nicolas Sarkozy va à sa rencontre en coulisse.
Sarkozy : Salut Stephen. Intéressant ton petit speech. Ainsi donc, le Canada se sort mieux de la crise que les USA? Et même que la France?
Harper : Il paraît Nicolas. Écoutes, nous avons réussi à abaisser le taux de chômage à 7,6 % alors qu’il est de 8,3 % aux States… et qu’il frôle en France les 10 %…
Sarkozy : Oui bon, c’est peu reluisant, mais avec la crise financière et les banques qui recommencent à spéculer, les entreprises n’ont d’autres choix que de faire des mises à pied pour garder le cap, et c’est le gouvernement qui hérite de la facture, avec la sécurité sociale et tout ce merdier. Et les élections qui approchent… Oh la-la!…
Harper : Sarko, tu sais comme moi que l’État n’est pas là pour servir de filet social, il est là pour assurer la prospérité et créer de la richesse. Que comptes-tu faire?
Sarkozy : Je suis justement en train de préparer les thèmes de ma prochaine campagne. Avec la crise, nous croyons qu’il faut diriger l’opinion publique autour des enjeux du chômage et de l’immigration…
Harper : Intéressant! Tu sais, l’économie canadienne a affronté la crise avec un certain succès, mais il faudra implanter de nouvelles mesures dès que possible. Il faut en profiter pendant que nous sommes majoritaires. Si tu veux l’appui des électeurs, je te suggère d’y aller sur le thème de la famille traditionnelle comme noyau économique.
Sarkozy : C’est pas bête. Et aussi regagner la confiance des investisseurs étrangers en leur fournissant une main-d’œuvre qualifiée, disponible et productive. Ton gouvernement devrait d’ailleurs s’occuper du dossier du Travail et de l’Immigration. Tu dois resserrer les critères de l’immigration pour favoriser la productivité et éviter les réfugiés. Moins de politique, plus de stabilité, donc plus de prospérité! Et aussi, moins de chômage!
Harper : Oui, c’est ce en quoi nous croyons. Il faut battre le fer quand il tiédit. Mon gouvernement croit que les citoyens ont également des devoirs quant à la prospérité du Canada. C’est de cette façon que nous concevons l’assurance-emploi par exemple, et ça marche!
Sarkozy : Bien! D’ailleurs, j’entends radicaliser nos lois sur le chômage en obligeant les chômeurs à suivre une formation et au premier refus d’emploi, couper les allocations! Tu ne dois pas laisser les gens paresser. C’est l’avenir qui est en jeu!
Harper : C’est pas mal comme plan! Il ne faut pas parler de programmes sociaux, il faut parler d’emploi, d’économie. Il faut stimuler l’entreprise privée, pas la bureaucratie! Et diviser pour régner. Il faut partir des débats moraux et, par la bande, s’occuper de l’économie. Parler des vrais chômeurs, qui veulent travailler, et attaquer les mauvais chômeurs, ces profiteurs du système. J’ai confiance en mon ministre des Finances pour arranger cela… Les retraites et l’assurance-emploi grugent les finances publiques, les électeurs sont prêts pour l’austérité!
Sarkozy : Bien! En enlignant nos politiques ainsi, les électeurs verront bien que nous offrons un choix sensé et universel. Allez. C’est l’heure de la prochaine conférence. Je te laisse sur ces bons mots, mais n’oublie pas de suivre ma campagne électorale. Il faut s’inspirer les uns les autres si nous voulons garder le contrôle!
