Sortir de ça!

par Pierre Céré
Porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses
L’incisif
, Février 2012

 

Entre 1990 et 1996, quatre contre-réformes se sont imposées au régime d’assurance-chômage. On parle de compressions très dures qui ont eu pour effet d’abaisser drastiquement les protections et, plus grave encore, de rejeter des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses à l’extérieur de ce régime : exclusion pour départ volontaire et congédiement pour inconduite, rehaussement important du temps de travail nécessaire pour se qualifier, baisse du taux de prestations ainsi que du nombre de semaines payables, complexifications de toutes sortes, judiciarisation extrême, etc.

Et cela, sans parler du vol de la caisse perpétré par tous les gouvernements qui se sont succédés à la tête de l’État canadien depuis 1996 (Chrétien, Martin, Harper). Près de 60 milliards de dollars ont ainsi été détournés de la caisse, surplus accumulés grâce aux compressions, juxtaposés à un niveau artificiellement élevé du taux de cotisation d’alors.

Pour effacer l’odieux, les conservateurs ont, lors du budget de mars 2010, aboli le « compte d’assurance-emploi » afin de remettre les compteurs à zéro, avant de créer un nouveau compte, celui « des opérations de l’assurance-emploi ». Plus de dette du gouvernement envers le compte de l’assurance-emploi, plus de détournement, plus rien! Rien de rien?

Nous sommes en 2012, et nous vivons toujours sous le coup de ces contre-réformes et pratiques douteuses.

Aujourd’hui le compte des opérations de l’assurance-emploi indique un déficit et a contracté une dette envers le gouvernement. Pourquoi? Parce que les conservateurs, contrairement aux libéraux d’avant, maintiennent un taux de cotisation anormalement trop bas, générant ces déficits. Nous connaissons d’ailleurs les plus bas taux de cotisation depuis 30 ans. Cette dernière donne est confirmée par le Rapport de contrôle et d’évaluation 2010 de la Commission de l’assurance-emploi du Canada, publié en mars 2011.

Depuis très longtemps, ce régime d’assurance-emploi fait l’objet de manœuvres politiques. Et rien ne semble calmer l’appétit de ces gens de pouvoir à Ottawa.

D’autres coups pourraient d’ailleurs s’abattre sur l’assurance-emploi. Parfois ces idées viennent d’ailleurs, d’autres pays du G8. Ils se parlent ces gens, préparent ensemble certains programmes de restructuration…

Ainsi, il y a tout lieu de s’inquiéter des annonces faites par le président français, Nicolas Sarkozy, sur les mesures qu’il entend prendre avec les allocations de chômage s’il est reporté au pouvoir en mai prochain : obligation de formation après un certain délai et coupures de prestations en cas de refus d’un emploi. Voilà de quoi inspirer notre Premier ministre qui voudra combler le « déficit » de la caisse…

Définitivement, nous ne voyons plus ce que nous pouvons faire là-bas. Il vaut mieux sortir de ce régime et créer le nôtre : un régime québécois d’assurance-chômage, structuré comme une mesure de protection économique pour aider les travailleurs qui se retrouvent au chômage. Un régime à la hauteur des besoins, dépoussiéré, modernisé, déjudiciarisé. C’est à cela que nous aspirons. Ce n’est pas demandé l’impossible puisque justement les cotisations que nous versons à même nos salaires devraient servir à cela.

Sortons de ça et faisons mieux. Nous en sommes capables!

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