Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) est un regroupement québécois d’organismes qui viennent en aide aux personnes en chômage. Le CNC a été fondé en 2005, mais les groupes qui en sont membres ont une histoire qui s’enracine depuis plusieurs décennies dans leur communauté.
Ce que nous faisons, au jour le jour, un par un, c’est d’informer et défendre des gens qui sont refusés ou qui sont aux prises avec des problèmes, parfois lourds de conséquences, avec l’assurance-emploi*.
Du fait de ce travail, nous ne pouvons que constater les effets dévastateurs des contre-réformes de 1990, 1993, 1994 et celle de 1996, imposées au programme d’assurance-emploi, par tous les gouvernements qui se sont succédés à la tête de l’État canadien depuis lors. D’ailleurs, nous vivons toujours sous la coupe de ces contre-réformes : resserrement des critères d’admissibilité, réduction du taux de prestations, réduction de la période couverte, mesures d’exception et exclusions de toutes sortes, judiciarisation extrême, etc.
C’est pourquoi, depuis tout ce temps, nous avons été aux premières lignes pour contester ces mesures, engageant un combat politique ne visant qu’une seule chose : le régime d’assurance-emploi doit recouvrer sa vocation, soit de protéger économiquement les travailleurs et les travailleuses qui perdent leur emploi.
Au cours des dernières années, par exemple, nous avons été artisans de larges coalitions visant le changement, coalitions qui se sont articulées, pour beaucoup, autour des Sans-Chemise. C’est ainsi que nous nous sommes invités dans toutes les campagnes électorales fédérales depuis 2004, le faisant parfois avec beaucoup d’impact. À l’automne 2006, nous avons marché de Montréal jusqu’à Ottawa.
Nous y avons rencontré les caucus des partis d’opposition, sollicité une rencontre, demeurée lettre morte, avec le Premier ministre Harper. Dans ce prolongement, nous avons levé et animé une coalition parlementaire qui réunissait les trois partis politiques de l’opposition à Ottawa, les centrales syndicales québécoises et canadiennes. Combien de fois avons-nous soutenu des projets de loi de l’opposition ? Combien de fois sommes-nous allés, en vain, témoigner devant des comités parlementaires et sénatoriaux ? Rappelons seulement aussi les recours juridiques intentés par la CSN et la FTQ au début des années 2000, contre le détournement de la caisse d’assurance-emploi. Ces recours se sont rendus jusqu’en Cour suprême sans réussir à faire infléchir, jamais, les agissements du gouvernement fédéral.
Le temps du changement
Tous nos efforts et combien d’autres, parfois titanesques, sont demeurés vains. Et dans le présent contexte, rien ne nous permet de croire que les choses s’amélioreront, bien au contraire. C’est pourquoi nous sommes arrivés à cette conclusion toute simple mais implacable : les routes de l’assurance-emploi vers Ottawa sont bloquées et les portes sont fermées.
Nous croyons qu’est venu le temps d’engager le débat sur le rapatriement au Québec du régime d’assurance-emploi. Nous en avons les moyens, les infrastructures, l’expertise et nous en avons l’expérience. Nous prenons à témoin le rapatriement en 2006, des prestations maternité et parentales de l’assurance-emploi, pour créer notre propre régime d’assurance parentale.
Le rapatriement vise, pour nous, cet objectif : protéger les travailleurs qui perdent leur emploi, régler ces questions d’admissibilité, avoir un programme modernisé qui sache répondre aux besoins de la population et des différentes régions du Québec.
* Quand nous nous référerons au programme fédéral, nous l’appellerons par son nom actuel, soit « assurance-emploi ». Un régime québécois reprendrait sa véritable identité, soit « assurance-chômage ». Le texte fait cette distinction.

