C’est au tour de l’éditorialiste Jean-Robert Sansfaçon dans le Devoir, «Loi du budget – Au travail, chômeurs!», de dénoncer les modifications annoncées à l’assurance-emploi par les conservateurs et l’impact que cela aura sur nos conditions générales de travail.
«On n’a pas fini de parler du nouveau Canada que les conservateurs sont en train de nous forger bien malgré nous. [...]»
«Selon ce qu’on en comprend à travers le peu d’explications fournies, les chômeurs devront désormais accepter n’importe quel emploi dans leur région même s’il ne correspond pas à leur champ d’expertise et que le salaire est moindre que ce qu’ils gagnaient auparavant.»
L’éditorialiste tente revoir certains préjugés trop souvent véhiculés sur les demandeurs d’assurance-emploi :
«Certains diront qu’il était temps qu’on force les chômeurs à accepter un emploi. Affirmer cela relève d’une vision simpliste du marché du travail. Il y a des abus, certes, mais en règle générale, les chômeurs qui refusent un emploi ont de bonnes raisons d’agir ainsi : que ce soit dans l’attente d’un rappel au travail, d’une ouverture dans son champ professionnel ou, plus simplement, de peur de dévaluer l’expertise accumulée en acceptant n’importe quelle offre.
«On dira que ceux qui sont surtout visés sont les travailleurs saisonniers qui reçoivent des prestations de façon récurrente. Là encore, les choses ne sont pas simples puisque les employeurs saisonniers ont aussi besoin de main-d’œuvre expérimentée disponible au bon moment. Ce n’est pas évident de former du personnel chaque année dans l’industrie touristique, celle de la pêche ou de la forêt.
«[...]
«Les conservateurs s’imaginent qu’ils aideront les PME à trouver plus facilement du personnel pour des tâches peu complexes, comme les travaux des champs. Un autre cliché puisque les agriculteurs ont aussi besoin d’une main-d’oeuvre stable et motivée, ce qu’ils trouvent plus facilement chez les travailleurs étrangers.
«Ce qui nous amène à l’autre réforme, celle qui touche précisément cette catégorie de main-d’oeuvre. Désormais, les entreprises pourront payer les ouvriers étrangers 15 % moins cher que leurs homologues canadiens. Ottawa introduit donc un élément de discrimination qui vise à réduire les coûts pour les entreprises, mais qui fera aussi pression sur les salaires des Canadiens. Et cette fois, on ne parle pas surtout de l’agriculture, mais de la construction, du pétrole et des mines. Le Plan Nord n’est pas loin !
«Toutes ces mesures s’inscrivent dans un même modèle de développement économique et social qui n’a jamais fait l’objet d’un débat public, surtout pas en campagne électorale. Malheureusement, ce gouvernement n’a que faire de la démocratie dans la mission évangélique qu’il s’est donnée de transformer ce pays en paradis pour le capital. (c’est nous qui soulignons.)»
