Voici de longs extraits de l’article de Chantal Hébert, «La réforme de l’assurance-emploi vise surtout les circonscriptions non conservatrices» dans, L’Acadie Nouvelle, du vendredi 1er juin 2012, p. 13.
«[...] Si vous superposez la carte électorale du Canada à celle montrant les régions du pays avec un taux de chômage élevé, il devient clair que le gouvernement fédéral resserre les prestations des travailleurs saisonniers à une distance sûre des remparts suburbains. [C'est nous qui soulignons]
À quelques exceptions près, les régions les plus touchées par les changements proposés par les conservateurs visant les utilisateurs fréquents de l’assurance-emploi se situent carrément dans les circonscriptions représentées par l’opposition.
C’est particulièrement, mais pas exclusivement, vrai pour le Canada atlantique [...]
Même au Québec, la plupart des quelques députés conservateurs ont été élus dans des régions ayant un taux de chômage anormalement faible.
Par exemple, la circonscription de Beauce du ministre Maxime Bernier affiche régulièrement des taux de prestataires d’assurance-emploi deux fois moins élevés que dans le reste de la province. Il en va de même pour les deux circonscriptions semi-rurales conservatrices de la région de la ville de Québec.
À bien y penser, on pourrait avancer que les libéraux ne se sont jamais vraiment remis des blessures subies en raison de leur réforme de l’assurance-emploi. [...]
En revanche, les risques politiques liés à la réforme de l’assurance-emploi de Stephen Harper sont soit faibles, soit nuls. Si on songe à l’élection générale de 2015, la mesure en dit long sur la vision des conservateurs.
Elle laisse entendre que, au moment de la prochaine campagne, les conservateurs seront disposés à laisser aux partis de l’opposition la plupart des circonscriptions non conservatrices. [...]
Tout semble indiquer que les stratèges du gouvernement ont tracé un carnet de route inspiré à la fois par une certitude et par une estimation éclairée.
La certitude tient de l’ajout de 30 nouveaux sièges, tous censés être dans des régions urbaines ou non touchées par le travail saisonnier. [...]
Il est inutile d’examiner attentivement les données du recensement publiées cette semaine pour savoir que la population des régions exclues du redécoupage vieillit plus vite que dans le reste du pays.
L’estimation éclairée est que les libéraux, qui sont plus profondément ancrés que le NPD dans le Canada suburbain et particulièrement dans les régions suburbaines de l’Ontario, seront encore dans les parages pour fractionner les voix. [...]»
