Les réactions aux modifications proposées par les conservateurs ne tarissent pas

Nous ne pouvons citer ici toutes les articles et réactions publiés dans les médias, et encore moins les commenter…

Pour cette nouvelle entrée, nous retenons deux textes.

«Assurance-emploi – Des propositions qui manquent la cible», Carole Vincent – Économiste, Idées, Le Devoir, 4 juin 2012

«Les modifications proposées au régime d’assurance-emploi annoncées par la ministre Diane Finley ont le mérite de relancer le débat sur les améliorations à apporter à l’un des programmes sociaux les plus importants au Canada. On peut douter toutefois que les propositions du 24 mai dernier représentent des solutions novatrices ou même nécessaires. [...]

L’auteure poursuit, plus loin avec :

« [...] pour les travailleurs touchés, les conséquences pourraient être graves, et on connaît mal les répercussions qu’elles auront sur la santé financière des familles et l’habilité des personnes à réaliser leur plein potentiel en matière de cheminement professionnel.

«Et qu’en est-il des pressions à la baisse que ces dispositions exerceront sur les salaires, mais aussi des impacts sur d’autres aspects des conditions de travail comme la santé et la sécurité ou la conciliation travail-familiale ? L’ampleur réelle de ces répercussions est difficile à prédire, mais est néanmoins préoccupante.»

Et l’auteure ouvre sur une question que l’on aborde que trop rarement: la représentation des femmes dans les emplois temporaires et à temps partiel – c’est-à-dire les emplois les plus précaires.

«[...] Les changements annoncés par la ministre ne s’attaquent nullement à l’une des injustices les plus flagrantes d’un programme d’assurance-emploi qui reflète mal les réalités du marché du travail d’aujourd’hui. Un nombre croissant de travailleurs – et surtout de travailleuses – occupent des emplois temporaires et à temps partiel.

«Et les femmes ?

«Près de 7 travailleurs à temps partiel sur 10 sont des femmes. Plusieurs d’entre elles pourraient ne jamais avoir droit à des prestations si elles perdaient leur emploi alors qu’elles sont obligées de verser des contributions au régime. Les femmes consacrent davantage de temps au travail non rémunéré, prenant souvent soin d’autres membres de leurs familles. Parmi ceux et celles qui travaillent à temps partiel se trouvent aussi des personnes qui ont des restrictions pour cause d’invalidité.

«En 2001, une décision du juge-arbitre de l’assurance-emploi reconnaissait que les critères d’admissibilité sont discriminatoires et constituent une atteinte à la dignité des femmes qui travaillent à temps partiel. Cette décision reconnaissait que les femmes consacrent en moyenne deux fois plus de temps que les hommes au travail non rémunéré. Au titre de l’assurance-emploi, elles sont néanmoins considérées comme ayant un faible attachement au marché du travail à moins qu’elles consacrent autant d’heures que les hommes au travail rémunéré. [...].»

 

***

«Point de vue: Une réforme indigne», François Genest, conseiller en consommation, ACEF du Grand-Portage, Rivière-du-Loup, Le Soleil (site web), dimanche 3 juin 2012

«[...]

«Ces modifications [à l'assurance-emploi des conservateurs] s’inscrivent dans la lignée d’un document de l’institut CD Howe sur les normes d’admissibilité à l’assurance-emploi, rapport qui recommande plus de mobilité de la main-d’oeuvre et l’adoption de règles d’admissibilité uniformes à travers le Canada, de façon à ne pas encourager le chômage chronique, notamment pour les provinces à haut taux d’emplois saisonniers. Bref, il faudrait que les travailleurs comprennent où est leur bien et acceptent plus volontiers de se déplacer à travers le Canada pour combler les besoins du patronat. Ajoutez à cela le «scandale» de l’emploi de travailleurs étrangers, qui acceptent des emplois sur lesquels nos bons Canadiens lèvent le nez. [...]»

L’auteur y va d’un exemple clair pour illustrer cette contre-réforme:

«Soyons concrets. Une personne de Rivière-du-Loup qui gagne en moyenne 14$ de l’heure récolte 560$ par semaine au bout de 40 heures. Si elle est obligée d’accepter un emploi à 70% de son salaire horaire, elle «tombera» à 9,80$, donc au salaire minimum à 9,90$, ce qui lui ferait un revenu hebdomadaire de 396$, si elle travaille 40 heures, soit 164$ de moins que son ancien salaire. Supposons qu’elle doive se rendre cinq jours par semaine à Dégelis, à moins d’une heure de route, mais à 90 kilomètres de Rivière-du-Loup, pour occuper son nouvel emploi forcé, elle devra payer les frais d’utilisation d’une automobile (0,47$ par km, d’après le ministère des Finances du Canada) pour 900 kilomètres par semaine, soit 423$, plus que son nouveau salaire de travail forcé! Présentement, il n’y a pas de transport collectif suffisamment développé qui permette de réduire ce coût. Il y a le covoiturage, mais les coûts seront exorbitants, compte tenu du revenu. Même un travail à 44 kms de chez-soi, comme à St-Pascal de Rivière-du-Loup, entraîne des coûts de transport de 206,80$, ce qui est inadmissible. La personne doit-elle déménager? Doit-elle «refaire sa vie» dans un nouveau milieu, déraciner sa famille? Tout ça pour un travail qui n’est peut-être pas le sien, qui ne correspond pas à ce qui lui est «convenable» à elle. [...]»

L’auteur poursuit avec le travail saisonnier qui est indispensable dans certaines régions. Et il termine avec une une question essentielle:

«Et l’aspect humain? Qu’est-ce que tu fais quand tout ce que tu as, c’est ton travail et ton enracinement dans ta région, qui te donnent fierté et dignité, et qu’on veut te l’enlever? Il te reste l’indignation!

Opposez-vous, indignez-vous, avant qu’il ne soit trop tard, avant que ce ne soit tout ce qui vous reste. »

 

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