La journaliste Valérie Legault du journal Le Canada français donne la parole à France Turcotte, des Sans-Chemise de Saint-Jean-sur-Richelieu et du Comité chômage du Haut-Richelieu l’un de nos groupes membre. Nous reproduisons l’article sur notre site (Référence: «Selon les Sans-Chemise: Des changements à l’assurance-emploi qui n’augurent rien de bon», Valérie Legault, Le Canada français, jeudi 14 juin 2012.):

France Turcotte, des Sans-Chemise de Saint-Jean-sur-Richelieu et du Comité chômage du Haut-Richelieu
«Redéfinition de l’emploi dit convenable, abolition des conseils arbitraux, coupures sur les prestations: les changements proposés à l’assurance-emploi dans le projet de loi C-38 n’augurent rien de bon, craint le comité des Sans-Chemise. Qui en seront les premières victimes? Assurément les travailleurs saisonniers, affirme la porte-parole France Turcotte.
««Ce seront les plus grands perdants et leurs employeurs aussi. Ces derniers aiment retrouver leurs travailleurs d’expérience. Vont-ils perdre leur main-d’oeuvre qualifiée?», se demande-t-elle.
«L’application des changements à la Loi sur l’assurance-emploi fera disparaître la définition des emplois convenables et non convenables actuels. Celle-ci régit et encadre les droits et obligations d’un travailleur prestataire, les démarches qu’il doit faire, les emplois dont il peut partir à la recherche et ceux qu’il peut refuser.
««Pouvait, devrait-on dire bientôt, nuance France Turcotte. Le travailleur en aéronautique mis à pied temporairement chez Bombardier pouvait refuser un travail d’agent de sécurité au salaire minimum ou le menuisier refuser une offre moins payante dans son domaine. Avec cette abrogation de l’emploi convenable, le gouvernement conservateur va couper les prestations à quiconque refusera un emploi cheap labor, devenu dorénavant un emploi acceptable.»
«Pire qu’en 1996
«Pour la porte-parole des Sans-Chemise de Saint-Jean-sur-Richelieu, ces changements sont encore pires que ceux imposés en 1996 et qui avaient considérablement réduit l’accès au programme.
««Les travailleurs avaient droit de gagner jusqu’à 40% de leurs prestations de chômage sans subir de coupures. Désormais, la moitié de chaque dollar gagné sera enlevé de leur prestation jusqu’à concurrence de 50%, explique Mme Turcotte. Pensez-vous que ça va inciter les gens à travailler?»
«L’avenir n’est pas rose dans les champs. Le gouvernement canadien demandera désormais aux agriculteurs de recruter des travailleurs saisonniers locaux avant de recourir aux travailleurs étrangers. «Les employeurs seront obligés d’embaucher des gens d’ici qui ne veulent même pas aller aux champs!», s’indigne la porte-parole.
«Grogne généralisée
«Pour une fois, remarque France Turcotte, les changements que proposent les conservateurs suscitent la grogne d’un océan à l’autre. Elle pense par exemple à l’abolition des conseils arbitraux et des juges-arbitres qui seront remplacés par 74 personnes dispersées à travers le pays pour entendre les révisions de dossiers sur la sécurité du revenu, les pensions et l’assurance-emploi. Selon elle, cette mesure entraînera des «délais effrayants».
««Une chose est sûre, le projet de loi C-38 ne va surtout pas aider les travailleurs, dit-elle. Ce sont des mesures arbitraires qui inciteront les gens à travailler au noir. J’ai peur que ça contribue à vider les régions éloignées.
«Face à un gouvernement majoritaire, les Sans-Chemise ne se font pas d’illusions. Les conservateurs ne reculeront pas, croient-ils. «Pour notre part, notre décision est prise, conclut France Turcotte. Il n’y a plus rien à faire là. Il faut rapatrier l’assurance-emploi au Québec qui protégera mieux et de bonne foi sa population avec un programme équilibré qui puisse jouer le rôle qui lui est dévolu.»»