Tous et toutes, nous avons constaté que le régime d’assurance-emploi a été gravement malmené par tous les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir à Ottawa depuis 1990. Nous avons aussi constaté que ce régime est devenu arbitraire, complexe, judiciarisé et qu’il repose sur la mauvaise foi. Nous avons aussi assisté au détournement de la caisse d’assurance-emploi réalisé par ces gouvernements (plus de 59 milliards de dollars).
Nous n’avons jamais cessé de dénoncer et de mobiliser autour de ces enjeux. Nous l’avons fait sans compter notre temps, avec toute l’énergie et la détermination dont nous étions capables.
Il y a quelques années, nous avons fait un choix, celui de sortir de nos zones de confort, celles de la seule contestation, pour nous inscrire dans la voie du changement, et de participer aux solutions. Cela explique toutes les expériences tentées à Ottawa, par exemple lors de la mise sur pied d’une coalition parlementaire et syndicale en 2006 et 2007, ou des travaux effectués auprès du NPD, du Bloc québécois et du Parti libéral du Canada. Nous sommes allés témoigner à d’innombrables reprises devant des comités parlementaires et sénatoriaux, mais jamais notre voix n’a été prise en compte.
Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y avait plus rien à attendre de ce côté, que la solution ne viendrait jamais d’un seul parti politique, qu’une solution véritable et durable ne pouvait que reposer sur un consensus de la classe politique et qu’à Ottawa, en la matière, il y avait une situation de blocages.
Depuis l’année dernière, nous avons débuté une réflexion sur l’idée de rapatrier au Québec l’assurance-emploi et créer notre propre régime qui nous ressemblerait un peu mieux, et qui protégerait un peu mieux notre monde. Cette réflexion s’est engagée dans le débat public. Nous l’avons vu récemment avec les réactions de politiciens fédéraux. Manifestement cela dérange, et pour toutes sortes de raisons, et dans différents camps, mais ce débat va se poursuivre. C’est comme ça.
Pour nous, il est hors de question « d’avancer par en arrière » et revenir au point de départ de 1996, comme certains semblent vouloir s’y engouffrer pour se donner une raison.