Nous citons de longs extraits de l’éditorial de Jean-Robert Sansfaçon, dans Le Devoir, publié hier.
«Emprunté au Conseil national des chômeurs (CNC), le qualificatif n’est pas exagéré : la réforme de l’assurance-emploi qui entre en vigueur cette semaine est brutale.
«Contenue dans le premier projet budgétaire mammouth des conservateurs, cette réforme divise les chômeurs en trois catégories à qui elle impose des obligations de recherche d’emploi différentes.
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«Officiellement, le but de la réforme est de répondre à la pénurie de main-d’oeuvre qui sévit dans certains coins du pays. En réalité, l’objectif consiste à réduire les coûts pour les entreprises en s’attaquant aux régions qui dépendent le plus du travail saisonnier, soit les Maritimes et le Québec. Car si seulement 9 % des chômeurs de l’Alberta sont travailleurs saisonniers, la proportion est plutôt de 51 % à Terre-Neuve, de 46 % au Nouveau-Brunswick et de 34 % au Québec, selon le CNC.
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«Il va sans dire que cette réforme affectera les industries qui ont besoin d’une main-d’oeuvre compétente une partie de l’année seulement. C’est le cas notamment du tourisme régional, de l’agriculture, de la forêt et des pêches. En incitant des milliers de travailleurs saisonniers compétents à s’exiler sous peine de crever de faim, c’est l’économie de ces régions qu’on fragilise en faisant une confiance aveugle au marché pour rétablir l’équilibre.
«Cette réforme est si machiavélique qu’on se demande pourquoi elle n’a pas suscité davantage de mobilisation de la part des grandes centrales syndicales, qui l’ont critiquée, certes, mais sans plus.»
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Pour une analyse complète et détaillée des changements apportés par les conservateurs, consultez notre texte «La réforme Harper de l’assurance-emploi: une réforme brutale qui vise, en premier lieu, les travailleurs de l’industrie saisonnière» sur notre site.