«Assurance-emploi – Ottawa isole les chômeurs», Le Devoir, Guillaume Bourgault-Côté, 22 mai 2013
Une nouvelle attaque des conservateurs aux prestataires d’assurance-emploi. Les directives données aux fonctionnaires ne cessaient de nous surprendre:
«La réforme de l’assurance-emploi ne touche pas que les chômeurs, mais aussi ceux qui les défendent. Ottawa a récemment décidé d’interdire toute communication verbale entre les fonctionnaires de Service Canada et les syndicats, avocats et groupes d’aide aux chômeurs, a appris Le Devoir.
« La décision a été confirmée de vive voix par la direction des communications du bureau montréalais de Service Canada au Conseil national des chômeurs (CNC) et au Mouvement action-chômage de Montréal (MACM). Le responsable du dossier de l’assurance-emploi à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Marc Bellemare, a lui aussi été mis au parfum et a constaté les premiers effets de la nouvelle politique.
« Dorénavant, il faut tout traiter par télécopieur ou par la poste, il n’y aura plus de communication verbale entre nous et la machine », indique Pierre Céré, porte-parole du CNC. Son organisme a été informé de ce changement opérationnel mardi matin. [...] »
Avant ces modifications bureaucratiques,
« [...] nous avions toujours un point de contact pour chaque dossier, quelqu’un avec qui dialoguer, ajoute M. Céré. Aujourd’hui, on nous renvoie au numéro général du bureau de Boucherville, où il n’y a même pas de boîte vocale. »
»Tant M. Céré que M. Beaudoin estiment que la politique de communication restreinte forcera un plus grand nombre de prestataires à avoir recours au système d’appel – le nouveau Tribunal de la sécurité sociale, entré en fonction le 1er avril.» [...]
Selon Pierre Céré, ce système permettait de régler de manière informelle une foule de cas attribuables à des erreurs administratives. « C’était aussi utile pour qu’on se fasse une tête sur un dossier, dit-il. Avant de faire une intervention officielle, on veut voir le dossier de la personne, comprendre où est le problème, ce que dit l’employeur, ce que dit l’employé. Comme on a 30 jours pour demander la révision d’un dossier refusé, c’est important d’avoir des réponses rapides à nos questions. Et je doute que ce soit le cas à l’avenir. »
Service Canada n’a pas répondu directement aux questions – écrites – du Devoir. Dans un courriel transmis en fin de journée, l’agence affirme que son « modèle de livraison de service repose sur une stratégie nationale de gestion de la demande afin d’assurer l’uniformité du service ». Mais elle n’a fourni aucune explication sur le changement de politique affectant les experts en défense des chômeurs.»