Pierre Céré
Porte-parole du CNC
Depuis un an, le Québec et le Nouveau-Brunswick ont été mobilisés contre la réforme de l’assurance-emploi, imposée par le gouvernement Harper au printemps 2012. Des coalitions ont vu le jour partout dans nos régions, des milliers de personnes ont manifesté dans toutes nos localités. Au Québec, à l’appel de la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi, coalition qui réunit un vaste arc-en-ciel de la société québécoise, une manifestation réunissait d’ailleurs quelques 50 000 personnes dans les rues de Montréal le 27 avril dernier.
Dans l’est du Canada, le gouvernement conservateur fédéral a perdu la bataille de l’opinion publique. C’est à ce point que les gouvernements des cinq provinces de l’est ont demandé le retrait de cette réforme, si non un moratoire comme l’exprimaient à l’unanimité, à la fin du mois d’avril, les premiers ministres des quatre provinces atlantiques.
Avec cette réforme, les citoyens ne sont plus égaux devant la loi d’assurance-emploi. En les divisant en catégories distinctes, en stigmatisant comme il le fait ceux qu’on appelle dorénavant les «prestataires fréquents», et particulièrement les saisonniers, ce gouvernement sait très bien s’en prendre à l’est du Canada : 72% de ces «prestataires fréquents» s’y retrouvent… Si les saisonniers représentent 29% de toutes les demandes de prestations régulières déposées au Canada en 2011-2012, près des deux tiers sont dans l’Est. Le «trou noir» affecte plus de 12 000 saisonniers, 65% sont au Québec et dans les provinces atlantiques.
Dire cela ne signifie pas qu’il s’agit d’une bataille de l’est contre l’ouest. Bien au contraire, il s’agit d’une bataille du monde travailleur contre un gouvernement qui impose l’inacceptable et la discrimination.
Rappelons que la couverture du régime d’assurance-emploi au Canada vient de chuter à 41% (5% de moins que l’année précédente). Pendant ce temps, nous assistons à un resserrement des normes de gestion reposant sur cette idée conservatrice qu’en chaque citoyen sommeille un fraudeur ou un profiteur. On abolit les tribunaux administratifs qui reposaient sur une gestion paritaire et on les remplace par une nouvelle structure, disposant de nombreux pouvoirs discrétionnaires et qui va multiplier les embûches procédurières. Ce sont des fondements mêmes du régime qui ont été jetés à terre. Globalement, nous assistons à une saignée de l’assurance-emploi et il n’est pas dit que cela ne se poursuivra pas.
Dernièrement, le gouvernement du Québec a mis en place une Commission nationale d’examen de l’assurance-emploi qui tiendra à l’automne des audiences publiques. De leur côté, les quatre provinces atlantiques entreprennent des études pour évaluer les impacts des changements sur leur économie et les travailleurs. Ces actions entreprises par des gouvernements de toutes couleurs politiques aideront notre lutte et jouteront à la pression exercée sur le gouvernement Harper, en documentant les impacts de cette réforme sur la vie des travailleurs en chômage, sur les entreprises et les régions, tout en pointant des solutions possibles. Mais il faudra que la mobilisation de la rue se poursuive. Il faudra surtout qu’à l’ouest de la rivière Outaouais, de l’Ontario à la Colombie-Britannique, il y ait pareille mobilisation.
Nous croyons sincèrement que si nous poussons tous ensemble dans la même direction, nous pouvons faire reculer ce gouvernement anti-social.
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Cet article a aussi publié:
«L’est et l’ouest doivent se mobiliser», Le Soleil, 13 mai 2013.