L’Organisation de coopération et de développement économiques – OCDE, non pas reconnu pour ses points de vues progressistes, met en garde les gouvernements contre trop d’austérité. (D’ailleurs, cela fait aussi écho à une étude récente du Fonds monétaire international (FMI), aussi reconnu pour ses point de vue non progressiste, ici dans La Presse, «Redistribuer les richesse ne serait pas nuisible à l’économie», sic!)
Dès les deux premiers paragraphes, Le Devoir résume la position de l’organisation dans son article, «Appel à la prudence de l’OCDE» :
« Les gouvernements doivent prendre garde, dans leurs efforts d’assainissement des finances, de ne pas aggraver les problèmes d’inégalité et de fracture sociale qui se sont accélérés avec la Grande Récession, prévient l’OCDE.
« Près de six ans après le début de la pire crise financière depuis celle des années 30, la plupart des indicateurs de qualité de vie sont toujours en berne dans les pays développés, notamment en matière de revenu des ménages, d’emploi des jeunes, de partage de la richesse, de dépenses en éducation, et même en matière de taux de fécondité […] » Selon l’OCDE, « Aux prises avec de lourds déficits, les gouvernements se sont engagés dans des politiques d’austérité qui ne sont pas, elles non plus, sans risquer d’accélérer des phénomènes néfastes déjà en cours avant l’éclatement de la crise, et qui n’ont fait que s’empirer depuis. »
Politiques d’austérité que l’on décrit depuis longtemps. (Sur cette question et ses impacts, une courte vidéo de l’Institut de recherche et d’information socio-économique – L’IRIS, « Le Québec et le Canada sont piégés par l’austérité ».
Revenons au Devoir de ce matin et le rapport de l’OCDE.
« Les gouvernements doivent prendre garde que des « économies à court terme ne se traduisent pas en coûts bien supérieurs à long terme », dit l’OCDE. Décidées trop légèrement, les coupes budgétaires « pourraient aggraver les difficultés des plus vulnérables et mettre à mal la cohésion sociale future. […] »
« Certains chiffres donnent parfois dans le surréalisme. C’est le cas, par exemple, de la proportion de gens déclarant ne pas avoir eu, au cours des 12 derniers mois, les moyens d’acheter suffisamment de nourriture pour répondre aux besoins de leur famille, proportion qui a augmenté dans 23 des 34 pays membres, dont la Grèce (à 18 %), les États-Unis (21 %), le Mexique (38 %), et même le Canada (de 8,2 % à 11,5 %). […] »
L’OCDE met en garde:
« Le marché de l’emploi morose n’est pas un bon contexte, non plus, pour réduire les budgets de l’assurance chômage, de l’aide sociale ou des programmes de requalification professionnelle. On déconseille, tout autant, les compressions généralisées dans les programmes de santé, d’aide financière aux familles et de logement. S’il faut faire des coupes à tout prix, qu’on les fasse de façon fine et ciblée, afin d’épargner les plus démunis. « En réduisant les dépenses en faveur des investissements sociaux aujourd’hui, on pourrait nuire au développement des enfants à long terme et compromettre les chances d’emploi des individus et leurs perspectives de bien-être à l’avenir », dit-on.
« L’OCDE suggère aussi que les gouvernements regardent du côté des revenus, en élargissant leurs bases d’imposition, en réduisant leurs différentes taxes sur l’emploi, mais aussi en « ajustant leurs systèmes fiscaux afin de tenir compte de la montée des inégalités ».
Pour conclure :
« La situation est grave et il est urgent que « les gouvernements démontrent qu’ils peuvent répondre efficacement aux besoins de leurs sociétés », conclut le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. Il en va, dit-il, de la confiance de la population dans leurs institutions et de la cohésion sociale. On note déjà que la confiance des gens dans leur gouvernement national est en baisse dans plus des deux tiers des pays de l’OCDE, y compris au Canada (de 65 % à 53 %).
Source :
«Appel à la prudence de l’OCDE», Le Devoir, Éric Desrosiers, 19 mars 2014;
«Redistribuer les richesse ne serait pas nuisible à l’économie», La Presse, Julian Beltrame, 26 février 2014;
«Le Québec et le Canada sont piégés par l’austérité», un courte vidéo de l’IRIS, Éric Pineault.